Persévérer à chercher davantage
la saveur que le savoir, le balbutiement
que la rhétorique satisfaite.
Persévérer en ces temps de fer
à faire crédit à ce qui est fragile,
à ce qui fait faillite.
Persévérer à avoir foi
en chaque homme,
à préférer être déçu dix fois
plutôt qu’hostile en une seule fois.
Persévérer à n’investir
que dans le sable
qui coule entre les doigts
et dans les espérances
non côtées en bourse.
Persévérer à croire
que l’instinct primordial
en chaque homme
est la vénération
et que c’est la répression
de ce désir qui rend haineux et fou.
Persévérer à voir Dieu partout.
Entre les lignes des slogans,
dans les caniveaux des villes
et sur les murs des banlieues,
à l’entendre dans le braillement
des haut-parleurs, et dans le frrrrrt…
d’un oiseau envolé.
Persévérer à préférer que la raisonme quitte plutôt que l’espoir.
Et l’espoir plutôt que l’amour.
Persévérer. Pour que la gangrène
de l’indifférence ne se propage pas.