Extrait du livre: « La voie du sentir » de Luis Ansa
L’attention divisée est une attention éveillée, indépendante des événements extérieurs, une attention ancrée dans le corps par la sensation. Nous allons la pratiquer dans le quotidien, sinon, cela ne sert à rien.
Elle nous permet d’extraire toutes les nourritures dont nous avons besoin, celle des aliments que nous mangeons, celle de l’air que nous respirons et celles des impressions que nous recevons à travers nos cinq sens. Cette dernière est créatrice des mémoires.
Nous pouvons commencer par être attentif à notre corps (nous allons constater les tensions et contractions musculaires inutiles que nous gardons). Nous pouvons être attentifs aux émotions négatives qui nous font perdre tant d’énergie. Et aussi aux pensées, au bavardage incessant, à toutes les rêveries qui nous épuisent.
Mais c’est dans nos relations qui se joue le plus important dans ce travail d’observation, car nous avons l’habitude d’être à la fois des proies énergétiques et des prédateurs d’énergie.
Comment ? En captant l’attention des autres, c’est la façon dont notre ego prend de l’énergie.
Trois stratégies possibles pour voler l’énergie de votre attention :
1) « L’auto-apitoiement ». Les personnes qui s’apitoient sur leur sort et vous les écoutez. Elles versent leurs poubelles sur vous.
Si vous n’avez pas une oreille compatissante, elles vous culpabilisent.
Vigilance autant envers soi de ne pas tomber dans ce rôle, comme dans celui qui se prend pour la poubelle chez qui on va tout déverser.
« Le culpabilisateur ». La personne va se plaindre constamment des autres, de la société. Il crée chez l’autre un terrain de dépendance pour que l’autre se sente toujours coupable.
2) « L’inquisiteur ». Un individu bienfaiteur, charmeur, protecteur, qui cherche constamment à conseiller et protéger sa victime.
3) « L’esthète ». Stratégie commune dans les groupes spirituelles. Elle s’opère par le silence, le détachement, l’indifférence envers celui ou ceux que l’on veut intriguer.
La seule façon de ne pas se faire dévorer est d’éveiller la sensation en divisant notre attention. Là, nous devenons présents à nous-mêmes, nous devenons vigilants et nous mettons en place un véritable bouclier protecteur, comme si notre corps était entouré d’une membrane invisible. Sans cet éveil de la sensation, sans cet état de vigilance, les autres ne peuvent que nous faire souffrir lorsqu’ils utilisent une de ces stratégies pour voler notre énergie. Avec cette division de l’attention, non seulement nous nous protégeons, mais nous protégeons l’autre en nous empêchant d’être nous aussi des prédateurs. Et nous évitons de nous apitoyer sur les autres, en voulant les aider de façon mécanique et non réfléchie.